Le 6 novembre 2022, les élus de la Ville de Paris en charge du logement ont annoncé comme objectif d’atteindre pour l’année 2035 les 40% de logement public. D’ici treize ans, deux logements parisiens sur cinq devront devenir un logement social ou intermédiaire proposant un loyer abordable non soumis aux aléas de la spéculation immobilière.
Paris à l’assaut du logement trop cher
Ce défi répond à une volonté de faire en sorte que les personnes qui travaillent dans la capitale aient la possibilité d’y vivre. Aujourd’hui, selon la Mairie de Paris, le pourcentage de logements sociaux est de 25%, ce qui indique qu’un Parisien sur quatre est à l’abri des augmentations de loyer.
Ce pourcentage de 25% avait été fixé en son temps par l’ancien maire Bertrand Delanoë (2001-2014). Les élus locaux ont annoncé en 2021 que la capitale comptait désormais 24,8% de logements sociaux financés, et que les 25% de logements livrés sera atteint à l’horizon 2025. Un constat encourageant qui pousse les élus locaux à poursuivre leurs efforts.
Pour Ian Brossat, adjoint de la maire de Paris au logement, l’habitat privé dans la capitale reste beaucoup trop cher. Selon l’OLAP, observatoire des loyers de l’agglomération parisienne, le prix moyen au mètre carré dans la capitale approche des 10.000 €. Et le loyer moyen d’un appartement de 50m2 est d’environ 1.200 €. En outre, selon la Fondation Abbé-Pierre, un tiers des propriétaires du parc privé ne respectent pas les règles d’encadrement des loyers. D’autres sources évaluent la proportion à 50%.
Cet encadrement, introduit en 2019 par la loi ELAN, impose une fourchette autour d’un loyer de base ordonné par arrêté préfectoral en fonction de l'emplacement du logement, de son année de construction, du nombre de pièces et du type de location (vide ou meublé). Malgré tout, en dépit d’amendes dissuasives pouvant atteindre les 5000 €, un grand nombre de propriétaires ignorent ou feignent d’ignorer cette disposition. Les dépassements constatés sont de l’ordre de 130 € de moyenne sur l’ensemble de la capitale.
Les montants en usage à Paris, tant à la location qu’à l’achat, sont considérés comme excessifs et font que la capitale, selon l’INSEE, voit partir chaque année quelque 10.000 habitants. C’est la raison pour laquelle la Mairie entreprend de poursuivre ses efforts sur le logement public.
Chaque construction doit faire du logement supplémentaire
L’adjoint au logement de la Ville De Paris détaille son plan : Les logements sociaux doivent atteindre 30% en 2035 et les logements à “loyer abordable” (c’est à dire 20% de moins que le prix du marché) doivent se développer à hauteur de 10% afin d’être accessible aux classes moyennes. L’addition des 30% et des 10% donnent les 40% de logement public annoncés en novembre 2022.
Le prochain PLU, plan local d’urbanisme, de la capitale devra inclure l’obligation de prévoir des logements dans toute nouvelle construction. Cette obligation est déjà en vigueur depuis 2015 mais elle ne concerne pas les immeubles de bureaux, ni les bâtiments professionnels. “Tout mètre carré construit à Paris doit nous permettre de faire du logement supplémentaire” déclare Ian Brossat, lequel ajoute : “Il faut faire en sorte que toutes surfaces construites à Paris aident à la politique du logement et facilitent les conditions de logement des Parisiens, afin justement de garder les classes moyennes et les classes populaires à l'intérieur de la ville.”
La création d’une société foncière spécifiquement consacrée au logement abordable est envisagée pour 2023. Celle-ci sera chargée par la Ville de Paris du rachat d’un certain nombre de bâtiments afin de créer des logements supplémentaires avec un loyer abordable. L’adjoint au logement estime que les immeubles de bureaux ou de garage aériens pourraient être repris pour créer du logement. Il envisage même de convertir certains hôtels mal entretenus ou peu fréquentés en immeubles locatifs.
La ville de Paris est réputée très chère mais elle ne doit pas devenir “une citadelle réservée aux privilégiés” selon les mots de l’adjoint au logement. La capitale devrait permettre à tous ceux qui y travaillent d’y vivre, c’est en tout cas, au-delà des chiffres, l’objectif annoncé.
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